Billet d’humeur par François Kergourlay


Je ne suis pas un complotiste, je ne suis pas non plus une marchandise. Personne ne peut m’imposer ce que je dois faire ou ce que je ne dois pas faire. J’ai un cerveau. Je sais que la situation est critique. Je sais qu’il faut être prudent pour soi-même et pour les autres. Je n’ai pas besoin qu’on me fasse de la pédagogie (je n’ai plus cinq ans depuis longtemps), mais je comprends très bien les choses lorsqu’on me les explique. Je peux donc prendre des mesures le cas échéant. Je n’ai pas besoin de me donner l’autorisation par écrit d’aller faire des courses au cas où. Je sais que, si je sors maintenant, c’est pour aller faire des courses. Je sais que, si je n’ai pas besoin de sortir de chez moi, je ne vois pas pourquoi je sortirais de chez moi. Je sais que, si j’ai besoin d’aller prendre l’air, ça me dirait bien d’aller prendre l’air, que, si j’ai envie d’aller au cinéma, tiens, qu’est-ce qu’on donne, en ce moment ?

Je sais aussi qu’il y a une saloperie qui circule, qu’il vaut mieux rester loin les uns des autres autant que possible, que, sinon, on peut tomber malade, très malade et mourir potentiellement ou faire mourir les autres, que c’est préférable de porter un masque et de se laver les mains régulièrement. Je le sais et je sais que je ne suis pas le seul à le savoir. (Au fait, on ne parle plus de ce qui a déclenché ce machin.)

Mais j’aimerais bien qu’on tienne compte du fait que je suis doté de raison. Je crois que je me sentirais plus responsable s’il en était ainsi. Je paye encore mes impôts. A la source, certes, mais le résultat est le même.

Je n’ai pas besoin qu’on me fasse peur. J’ai besoin d’être un allié, pas un ennemi potentiel de la nation ou un coupable probable. La peur rend mauvais. D’ailleurs, titrer une émission télévisuelle : « Faut-il avoir peur du Coronavirus ? » est le signe manifeste d’une démission claire de la chaîne qui la diffuse. « Faut-il combattre le coronavirus ? » serait plus approprié. La peur n’est pas une action. Le combat, si. C’est comme la réaction : elle est souvent immédiate et dénuée de réflexion.

Les combats dignes sont ceux qui défendent les citoyens. C’est pourtant simple ! Passer son temps à les diviser ne peut que provoquer le désordre. Certains ont un métier qu’ils connaissent souvent très bien, qu’ils font aussi souvent très bien, en tout cas, mieux que certains ministres dont je tairais les noms (je suis contre la délation). Ces citoyens qui ont un métier sont les mieux placés pour ajuster leur pratique à la crise que nous traversons si on leur explique simplement les dangers que cette dernière nous fait courir. En plus d’une pratique, ils ont aussi un cerveau. Dans tous les domaines, il s’agit d’adapter les choses au mieux et ils le feront mieux que personne.

Alors je ne veux pas être suivi par un drone sauf, à la rigueur, s’il est tenu en laisse, ça me rendrait moins nerveux et, du coup, moins violent le cas échéant (on ne sait jamais) et je veux pouvoir vivre de mon métier de comédien au mieux (ça doit être possible). D’autre part, j’invite les membres du gouvernement à relire les classiques (on y trouve une certaine forme d’élégance spirituelle et un sens certain du respect) et au Président de la République à retourner à l’école pour y apprendre en vrai, le sens des mots : liberté, égalité et fraternité, en commençant par le dernier de la liste qui me semble le plus urgent à remettre au goût du jour. C’est ma façon à moi de lui dire que, si, si, la vie est belle !

 

(Idée de lecture qui va bien avec ce billet : Le seuil du palais du roi de W.B. Yeats)

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