Marianne Wolfsohn dans PIEUVRE,

Marianne Wolfsohn

PIEUVRE

Il est presque minuit et ils surgissent dans la toute petite lucarne Instagram. Ferdinand et Ramy, en plan serré sur l’écran de nos portables. Ferdinand est allongé en PLS sur son matelas. Ramy lui caresse la tempe d’une main et lui tient l’épaule de l’autre. «Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui va pas ?» «Je sais pas, je sais pas.» Ferdinand sanglote. Ramy pose un baiser sur son épaule, en vain. «J’en sais rien. Y a rien qui va… je suis tout seul, je suis tout seul partout.» C’était l’instant 302 du Projet pieuvre. Depuis bientôt un an, une vidéo parfois deux sont postées chaque jour – et à l’heure où l’action est censée se dérouler – sur le fil de l’appli par ce collectif parisien. Soixante secondes d’autofiction tournées en caméra sur pied, pas d’éclairage artificiel, son direct. Mais le réalisme tient surtout à la justesse des situations et des personnages. «Des acteurs de théâtre, du burlesque, des youtubeurs, quelques potes, tous bénévoles», explique Arthur Vauthier, 31 ans, le réalisateur scénariste et monteur de cette série qui raconte les expériences poly-amoureuses d’un petit groupe de gays et de lesbiennes dans le XIe arrondissement de la capitale. «Sur Insta on suit des inconnus dont on partage la vie entre potes, les soirées, l’intimité. Et on imagine.» 

C’est à cela que sont invités les 7 500 abonnés du compte.

(LIBÉRATION — 12 juillet 2019 à 17:46 : Vies Gays sur Instagram, «Pieuvre» d’amours, par Matthieu Ecoiffier )

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