Dominique CONSTANZA (promo 1973)


La comédienne Dominique Constanza, ancienne élève du Conservatoire, doyen de la troupe de la Comédie-Française, est décédée lundi 24 juin 2013, à l’âge de 65 ans.

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Contre toi je m’élancerai
insoumise et invaincue,
ô Mort.

Virginia Woolf, Les Vagues


Hommage de Muriel Mayette,
administratrice générale de la Comédie-Française


Dominique Constanza, le doyen de la troupe, nous a quittés ce matin. La nouvelle est si terrible, si brutale, si injuste qu’elle étouffe nos larmes.

Dominique était une actrice unique, inclassable. À dix-huit ans déjà elle était sur les planches y jouant chaque soir une part de sa vie car ce métier l’a sauvée de son enfance autant qu’il la lui a prise !

Elle fut ma partenaire souvent et j’ai eu la chance de jouer à ses côtés Turcaret, Les Grelots du fou ou Les Bonnes de Jean Genet. Autant de registres différents qu’elle incarnait avec grâce, après avoir été la jeune première sublime de la troupe, la belle Sylvia de Marivaux, en robe blanche, ou la Youlia des Estivants.

Passant avec virtuosité de la comédie à la tragédie ou au drame, elle nous laisse l’image d’une actrice immense. Jean-Luc Boutté, Jean-Paul Roussillon, Jacques Lassalle, Antoine Vitez, Claude Régy la mirent en scène avec bonheur. Plus récemment avec Catherine Hiegel et Jérôme Deschamps, elle renouait avec ses prix de comédie obtenus au Conservatoire. J’ai eu le plaisir de la mettre en scène dans Chat en poche profitant de ses talents comiques qui lui donnaient des airs de feu follet. Elle habitait le plateau de façon toujours inattendue et ses réponses d’actrice, fulgurantes et géniales, prenaient des airs d’enfant…

Dominique était un ange et ses grands yeux d’oiseaux lui donnait un regard doux et aimant sur le monde. Elle avait une pureté d’âme que les brutalités de la vie heurtaient trop souvent. Elle semblait marcher sur terre en l’effleurant et cela lui donnait une présence époustouflante, peuplée de silences en perdition. Elle a offert sans retenue tout son coeur à son métier d’actrice.

Hervé Van der Meulen, son mari fut à ses côtés toujours avec une fidélité absolue et généreuse. Je pense à lui et à Guillaume, le fils de Dominique. La troupe et l’ensemble des personnels de la Comédie-Française se joignent à moi pour leur témoigner toute notre affection.

Hier encore elle jouait la baronne dans Un Fil à la patte et réjouissait des salles entières. Elle nous manque et marquera l’histoire de la maison comme une grande actrice inoubliable, comme un doyen généreux et si sensible. Surtout elle nous manque comme amie.

 1987 – En direct du foyer de la Comédie Française à Paris, présentation de la pièce à l’affiche “Turcaret”. – interview du metteur en scène Yves GASC et des deux principaux interprètes, Dominique CONSTANZA et Roland BERTIN. Extraits de la pièce.

Paris (AFP) – La comédienne Dominique Constanza, doyenne de la troupe de la Comédie-Française, est décédée dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 65 ans, a annoncé lundi l’administratrice du Français, Muriel Mayette, dans un communiqué.

La comédienne, qui était très fragile depuis longtemps, a mis fin à ses jours, selon son entourage.

“C’est un grand chagrin de n’avoir pas su la retenir”, a confié à l’AFP Muriel Mayette, qui a rendu hommage à une actrice “unique, inclassable”, qui fut souvent sa partenaire.

Entrée à la Comédie-Française le 1er novembre 1973, Dominique Constanza en devient la 465e sociétaire le 1er janvier 1977 et la doyenne en janvier 2010.

Après avoir suivi les cours de Raymond Girard, elle est reçue au Conservatoire national supérieur d’art dramatique en 1972, où elle parfait sa formation de comédienne dans les classes de Maurice Jacquemont et de Jean-Laurent Cochet, et travaille chez Antoine Vitez.

Au cours de sa carrière à la Comédie-Française, elle interprète de nombreuses héroïnes de Marivaux et de Molière. Elle joue aussi dans “Turcaret” d’Alain-René Lesage, “La Paix chez soi” de Georges Courteline, “Maître Puntila et son valet Matti” de Bertolt Brecht, “Oncle Vania” de Tchekhov, “La Navette, La Parisienne et Veuve!” d’Henry Becque, “Les Bonnes de Genet”, “Chat en poche” de Feydeau …Dernièrement, elle a interprété Frosine dans “L’Avare” de Molière, mis en scène par Catherine Hiegel, et la baronne dans “Un Fil à la patte” de Feydeau, mis en scène par Jerôme Deschamps, pour lequel elle a reçu un Molière en 2011.

Au cinéma, on a pu la voir dans “Femmes de personne” de Christopher Franck et “La Crime” de Philippe Labro.

“Passant avec virtuosité de la comédie à la tragédie ou au drame, elle nous laisse l’image d’une actrice immense. Jean-Luc Boutté, Jean-Paul Roussillon, Jacques Lassalle, Antoine Vitez, Claude Régy la mirent en scène avec bonheur”, a rappelé Muriel Mayette.

“Dominique était un ange et ses grands yeux d’oiseaux lui donnait un regard doux et aimant sur le monde. Elle avait une pureté d’âme que les brutalités de la vie heurtaient trop souvent”, a-t-elle ajouté.

“Hier encore elle jouait la baronne dans “Un Fil à la patte”  et réjouissait des salles entières. Elle nous manque et marquera l’histoire de la maison comme une grande actrice inoubliable, comme un doyen généreux et si sensible”, a poursuivi Muriel Mayette.

Ses obsèques ont eu lieu lundi 1er juillet à 10h30 en l’église Saint-Roch, Paris 1er, M° Pyramides, puis au cimetière de Montmartre, 20 avenue Rachel, Paris 18ème, M° La Fourche.

 

“Mort de Dominique Constanza, doyenne de la Comédie-Française” par Armelle Héliot sur le figaro.fr (24/6/2013)

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