Hélène MARTEAU (promo 1995)


Hélène Marteau donc a quitté le plancher des vaches

Hélène Marteau donc a quitté le plancher des vaches

Le 15 octobre 2014, dans la nuit, pour pas déranger… ou pour être tranquille, c’est aussi possible.
J’essaie de dire quelques trucs sur elle parce que c’est mon amie et qu’on a fait le conservatoire ensemble. Comme, aussi, on a fait des enfants à cette période, ça crée des liens.
D‘Hélène on disait souvent “la petite Hélène”… Certainement pour réduire à taille humaine cette espèce de monstre d’humanité, timide ? Et… provinciale?
Un personnage à la Dubillard dont elle se revendiquait comme presque la seule potentielle incarnation ! … “Où boivent les vaches?”
Ces fameuses vaches dont elle a quitté le plancher, je te demande un peu…
D’où vient que je comprends tellement cette langue ? … Et puis, un jour : Ah oui ! Chez moi, on parle comme ça, en fait.
Et puis, le temps passe et la vie s’en va, et jamais jamais…. j’ai plus l’âge de jouer ça ! Ahahahahaha ! à l’âge qu’on avait !
“On ne part pas, j’y suis toujours,” disait pourtant Dubillard.
Sur le billard elle y est passée, l’Hélène. On a cru qu’elle serait sauvée. Elle avait tellement bien encaissé les premières chimios, « ça avait marché »…
Avec Hélène, on a surtout bossé Claudel, en fait.
Elle l‘aura bien réclamée, son absolution, pour 2 et même pour 3. Son absolution en blanc, on saurait quoi en faire de son absolution. On en a touché des étoiles !
On y croyait.
Alors on a continué. Un enfant, deux enfants… c était pas le moment ?
Confiante en la vie, Hélène, des rêves et des projets… plein la tête et donc complètement pleine de ça.
Une assurance de l’imaginaire qui a grossi, grossi, jusqu’à ne plus pouvoir s’incarner dans rien que dans « autre chose », et Hélène a laissé surgir : POMONE.
Pomone son clown. Pomone aux borborygmes, aux commentaires étonnés,
Pomone aux pleurs , Pomone et l’amour, Pomone peut tout, chanter et se plaindre, ce qu’Hélène ne savait pas faire.
Pomone, une espèce de Lisa Minelli Rousseauiste, un poisson rouge chez Calder, une quintessence de poésie absurde, gonflée par le temps laissé passé. Un extrait d’instinct pur.
Un clown effroyable !
Qu’est ce qu’elle m’a fait marrer ! La première fois à apparaître dans un hurlement de chagrin d’un amour perdu pas arrivé ! Devant tous ces enfants venus voir la clown ! … La débâcle ! à hurler de rire. Tout le monde se met à crier, à courir, à se sauver ! … et elle continue, en les regardant … incrédule … et les parents les ramènent, et elle s’explique… pas, elle continue, … et les enfants comprennent et restent, et elle mange des couleurs, et les enfants continuent à suivre … l’hallu !!!
Normal.
Alors le clown déjà ça l’a ramenée sur terre. A manger du temps présent à s’autoriser à construire sur son univers.
Puis surgit la maladie … Et la conscience aiguë maintenant du temps. Du présent. De l’instant.
La méditation, tout. On a tout essayé. Elle a tout essayé.
Elle a traversé des trucs dingues.
Elle n’a jamais « flanché ». Jusqu’à m’énerver, avec sa dignité. Je lui disais qu’elle avait le droit de craquer … aux larmes d’Hélène on ne pouvait pas remplir son seau … l’hallu l’Hélène je vous dis.
Et ben jusqu au bout, jusqu à l’extrême limite du bout de la vie, elle a été là.
Une force.
Tant que la mort n’est pas là, elle n existe pas ? Tant qu’on est pas mort on est vivant. Je ne suis pas malade. J’ai une maladie.
Des mots. Pas maux. Moteur, du cœur.
Autant on comprenait rien à la naissance de nos enfants, autant j’ai rien compris à sa mort.
Hélène, on peut plus l’appeler.
Mais on continue à discuter… et à rigoler.
Nathalie Lacroix

Commentaires

Commentaire de fgozlan.theatre@free.fr
Je n’ai pas connu Hélène, mais une telle tendresse émane de tes souvenirs que j’ai, un peu, l’impression de la connaître et que je regrette, beaucoup, de ne l’avoir pas connue. En tous cas, je pense bien fort à toi, Nathalie. Et ta superbe dans la tristesse! Je t’embrasse. Fabienne Gozlan
Commentaire de mdo.freval@free.fr
Oui Hélène ! On a partage un petit bout de chemin de création ! On était voisine / elle avait 2 garçons, moi aussi … Que dire Un vide d’automne Marie-Do Fréval
Commentaire de syconti@gmail.com
Merci d’avoir mis ces mots, Nathalie. J’y retrouve, découvre Hélène. Et je pense à elle et aux siens. Sylvia Conti
Commentaire de lyndadevanneaux@gmail.com
Merci pour ces mots, ces images, ces impressions et perceptions, si exacts et si délicats, Nathalie. Lynda Devanneaux Mes pensées pour ses proches, sa famille et ses amis. Lynda Devanneaux
Commentaire de cecile.travers@gmail.com
Je ne sais pas pourquoi, c’est aujourd’hui, j ai pensé à Julien et à Hélène, dont j’ai gardé les deux enfants quand j’étais étudiante, leurs deux garçons formidables. J’ai eu envie de voir leurs parcours aujourd’hui. Avec internet c est si simple de… je pensais souvent à Hélène dont j’aimais le caractère si beau, si original, sa voix, sa personnalité unique, sa générosité, sa créativité. On échangeait toujours des heures sur les enfants, ses doutes de maman, le théâtre, le cinéma dont je partageais la passion en spectatrice. je me souviens d Hélène au Théâtre de l Aquarium dans une pièce sur les surréalistes, elle était,…formidable. Merci d’avoir posé ces mots si justes. je suis bouleversée, je pense fort à Micha et Noé et leur envoie toutes mes pensées et mon infinie tendresse. Paris 15, Cécile Travers.
Commentaire de nadia.markovic@laposte.net
Bonjour aux ami-e-s et à la famille d’Hèlene, Un hasard heureux hier…m’a remis sur sa “piste”… J’ai été une copine d’internat au lycée Mrguerite de Valois…notre fameuse équipe des A3…des hypers sensibles…des crétiafs et créatives….par Hélène Mahé donc hier j’apprends que Hélène …est déjà partie… Je lis donc le bel hommage de Nathalie Lacroix…et reconnais Hélène de ses 15 ans: drôle, espiègle, rayonnante!!! Une belle energie! Je la salue..tardivement, je n’en excuse…ainsi que sa famille de Jarnac. Nadia Markovic
Commentaire de Patricia.sy@orange.fr
Ici Patou toute bouleversée,troublée, émue… j’ai passé avec Hélène, ma Lisa Minelli, 3 belles années folles, déjantées de rires, riches de confiance, de partages, de créativité, de sensibilité, d’espiègleries, oh que oui !!!, de congruences délicates, de complicité agréablement surprenante, de confidences pour confidences, de rêves à donner des ailes, de larmes, de voyages entre amies en Ami 8 entre Angoulême (Lycée Marguerite de Valois- classe A3) et Jarnac, de théâtre où “Charlotte Bronte (moi) rencontra Marie Shelley(Hélène)” ou des “folles de Chaillot” bien perchées, de fêtes et de tutti quanti…je suis profondément triste de ne pas pouvoir la serrer dans mes bras. Je viens de la retrouver enfin aujourd’hui et hop! elle s’est déjà envolée. Fougueuse comme une plume ! J’en suis abasourdie ! Silence…mais elle est là, toujours dans mon coeur, avec ses grands yeux de velours et sa belle petite bouille de clown Pomone. Merci Nathalie de ton hommage à ma camarade, mon amie, mon Hélène de toujours… Patricia Gardillou (Seguy)

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