Il y a 50 ans, Gérard PHILIPE nous quittait ! par Emmanuel De SABLET


En 1959, Gérard Philipe disparaissait prématurément, à l’âge de 37 ans. Pour saluer sa mémoire 50 ans après, toute une série de manifestations sont organisées dans la cité des papes en Avignon
Au programme : du 24 novembre au 19 décembre, de 9h à 12 h et de 13h30 à 17h30, sauf dimanche et lundi, la Maison Jean Vilar propose une évocation de cet immense artiste, avec des photos d’Agnès Varda.

Du 25 au 28 novembre, à 19 h, la Maison Jean Vilar proposera un « spectacle éclaté » en plusieurs salons porté par trois comédiens : Philippe Avron, Henry Moati et Arlette Téphany qui feront partager, à de petits groupes, l’expérience du jeu dramatique.

Enfin, du 24 au 28 novembre, à 10 h et à 15 h, des projections vidéos proposeront films et documents témoignages de l’acteur disparu.

A l’Opéra théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse, le samedi 28 novembre, à 11h30, aura lieu une rencontre avec Michel Bouquet – compagnon de promotion de Gérard Philipe au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris-  qui fera partager au public, les souvenirs du grand comédien. Et le dimanche 29 novembre à 15h30, à l’Opéra, une projection du film de Claude Autant-Lara « Le Rouge et le Noir » clôturera cette série de manifestations à la gloire de celui qui reste présent dans la mémoire des amateurs de théâtre et de cinéma.

Pour tout renseignement : appeler le 04 90 86 59 64 (Maison Jean Vilar) ou le 04 90 82 81 40 (Opéra d’Avignon).

Gérard Philipe, de son vrai nom Gérard Philip était un acteur de théâtre et de cinéma français (4 décembre 1922 – 25 novembre 1959).
Il naît à Cannes dans les Alpes-Maritimes. Fils de Marcel Philip (1893-1973), avocat possédant un cabinet de contentieux juridique, puis administrateur-gérant du Parc Palace Hôtel de Grasse, et de Marie Villette, il voit le jour dans une famille aisée. Il a un frère aîné nommé Jean.

Il suit toute sa scolarité au lycée de l’Institut Stanislas marianiste de Cannes où il est bon élève. Il y obtient, au début de la guerre, son baccalauréat.

Son père le destine à une carrière de juriste, mais, rencontrant de nombreux artistes venus se réfugier en zone libre sur la Côte d’Azur à partir de 1939, il décide de devenir comédien avec l’aide de sa mère qui le soutient dans ce choix. Il ajoute un “e” à son nom pour obtenir 13 lettres avec son nom et son prénom, chiffre porte-bonheur selon sa mère.

En 1941, le réalisateur Marc Allégret lui fait passer une audition, en compagnie de son amie Danièle Delorme, et l’envoie prendre les cours d’art dramatique de Jean Wall et Jean Huet à Cannes. Le comédien Claude Dauphin le fait jouer au théâtre à partir de 1942 avec Une grande fille toute simple d’André Roussin au casino de Nice.

En 1942, Marc Allégret lui fait jouer une silhouette dans son film La Boîte aux rêves, réalisé par son frère Yves Allégret.

En 1943 la famille Philipe s’installe rue de Paradis à Paris où Gérard s’inscrit au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, suit les cours de Denis d’Inès puis de Georges Le Roy et obtient le second prix de comédie. Il participe à la Libération de Paris en 1944 en faisant partie de la résistance française (FFI) alors que son père est un collaborateur reconnu.

Gérard Philipe se fait connaître au théâtre où il obtient son premier succès et la célébrité à l’âge de 20 ans, en pleine Seconde Guerre mondiale, dans le rôle de l’ange dans Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux en 1943.

En 1943, il rencontre Nicole Fourcade, une ethnologue épouse d’un diplomate. Ils tombent amoureux l’un de l’autre en 1946 et se marient le 29 novembre 1951 à la mairie de Neuilly-sur-Seine dans une totale intimité après qu’elle a divorcé de son premier mari. Ils deviennent tous les deux compagnons de route du parti communiste français. Il rebaptise son épouse Anne parce qu’il trouvait ce prénom plus poétique. Ils ont deux enfants : Anne-Marie Philipe née le 21 décembre 1954, devenue écrivain et comédienne elle aussi, puis Olivier Philipe né en février 1957, et s’installent boulevard Inkerman à Neuilly, puis rue de Tournon.

Son succès au théâtre et en tournée explose avec la création de Caligula d’Albert Camus en 1945.

En 1947 il joue dans le film Le Diable au corps de Claude Autant-Lara et devient une célébrité du monde du spectacle français.

Entré au Théâtre national populaire de Jean Vilar en 1951, il remporte de nombreux succès à Paris, en tournée, au Festival d’Avignon (Le Prince de Hombourg, Le Cid de Pierre Corneille, Richard II), en jouant un répertoire classique, et en mettant lui-même en scène plusieurs pièces de Musset ou des auteurs contemporains comme Henri Pichette et Jean Vauthier. (En 1953 il auditionne avec Jean Vilar un nouveau comédien, Philippe Noiret qu’il intègre à la troupe).

En 1952 il joue Fanfan dans Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque avec Gina Lollobrigida, ce qui lui vaut de devenir une idole héroïque des jeunes aux quatre coins du monde.

Dans le même temps, sa jeunesse et son charisme d’exception triomphent internationalement à l’écran dans des films de Christian-Jaque, Claude Autant-Lara, René Clair, René Clément, etc.

Acteur engagé, il est un des premiers à signer la pétition de l’appel de Stockholm en 1950 contre l’armement nucléaire en pleine guerre froide, et devient président du syndicat français des artistes-interprètes où il se révèle être un grand chef syndical pour les métiers artistiques du cinéma et du théâtre à partir de 1958.

En 1959, le 25 novembre en pleine gloire, à l’apogée de sa popularité, doté du génie de la comédie et d’une aura artistique hors du commun, alors qu’il vient de finir le tournage du film La fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel au Mexique et alors qu’il souffre d’un cancer du foie, il est emporté par une crise cardiaque à Paris à l’âge de 36 ans, plongeant dans la tristesse ses nombreux admirateurs et surtout admiratrices. Il est enterré dans le costume de Don Rodrigue (Le Cid de Pierre Corneille, conformément à ses dernières volontés, au petit cimetière de Ramatuelle, près de Saint-Tropez).

Le nom de Gérard Philipe a été donné à de très nombreux théâtres et maisons de la culture, dont le Centre dramatique national de Saint-Denis, ou les théâtres municipaux d’Orléans, Montpellier, Meaux, Calais, Champigny-sur-Marne, Saint-Cyr-l’École, Liège, Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Nazaire, etc.

Anne Philipe, sa veuve, a écrit deux biographies de son mari, intitulées Souvenirs (1960) et Le Temps d’un soupir (1964).

Un père collaborateur, un fils résistant

À Grasse, Marcel Philip, le père de Gérard Philipe, ancien avocat, collaborait avec les Allemands : il était administrateur du Parc Palace Hôtel, lieu de rencontre des Allemands et lieu de résidence de l’état-major mussolinien. De plus, il était délégué régional et membre du comité directeur du Parti populaire français (parti créé par Jacques Doriot) pour les Alpes-Maritimes.

À l’extrême opposé, en août 1944, son fils se battit aux côtés des résistants lors de l’insurrection pour la libération de Paris. Gérard Philipe avait de nombreux amis parmi les résistants.

Le 24 décembre 1945, la cour de justice des Alpes-Maritimes condamnait le père de Gérard Philipe à mort pour intelligence avec l’ennemi et appartenance à un groupe anti-national. Il fut emprisonné d’abord à Saint-Denis, puis à Grasse. Son fils tenta d’influencer ses propres relations pour l’aider et n’y arriva que partiellement. Son père s’évada en 1945 (à l’époque, son fils jouait à Paris la pièce de théâtre Caligula) et s’enfuit en Espagne et fut condamné à mort par contumace.

Marcel Philip ne reviendra en France qu’en 1968 suite à une amnistie sans avoir pu y revoir son fils, mort en 1959. Toutefois, Gérard Philipe et sa mère rendaient visite à Marcel Philip en Espagne.Source Wikipédia

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