Jean-Louis BERTUCELLI


Ce réalisateur, engagé et attachant comme le définit Le Monde, nous a quitté inopinément le 5 mars dernier, à 71 ans. Il sera inhumé le vendredi 14 mars au cimetière du Montparnasse. RV à 11h30 à l’entrée principale du cimetière 3 boulevard Edgar Quinet.

Lu dans le Monde :

Le cinéaste français Jean-Louis Bertuccelli est mort soudainement dans la soirée du mercredi 5 mars, à Paris. Il avait 71 ans. On lui doit sept longs-métrages parmi lesquels Remparts d’argile qui obtint le prix Jean-Vigo en 1970.

Né d’un père italien et d’une mère française le 3 juin 1942, Jean-Louis Bertuccelli avait fait des études de cinéma à l’école Louis-Lumière (section son). De 1964 à 1966, il travaille au cinéma et à la télévision en tant qu’ingénieur du son. Attiré par la mise en scène, il réalise plusieurs courts-métrages : Jeanine ou l’Amour, La Mélodie du malheur, Oaxaca et Tricot.

La double révolte de « Remparts d’argile »

En 1969, il réalise Remparts d’argile, son premier long-métrage, d’après Chebika, un livre de Jean Duvignaud. Ce beau film, tourné dans un village du sud-maghrébin, aux confins du désert, raconte l’histoire d’une jeune fille, Rima, dont la tâche principale consiste à aller chercher l’eau au puits voisin. Un jour, les hommes du village, qui presque tous travaillent dans la carrière de pierres voisine, décident de se mettre en grève pour demander une augmentation de salaire. Tandis que des hommes en armes prennent position, Rima décide de retirer la corde du puits afin que les soldats ne puissent pas se désaltérer

D’une grande et belle radicalité – pas de dialogue ou presque, de très beaux chants berbères qui rythment de magnifiques images, un rythme extrêmement lent –, Remparts d’argile décrit une double révolte : celle des ouvriers contre l’injustice, et celle, beaucoup intérieure et silencieuse, de Rima contre l’inexorabilité de la vie. Prix Jean-Vigo en 1970, ce film reçut un accueil critique très favorable et, fait exceptionnel pour une œuvre aussi difficile, représenta la France aux Oscars en 1971.

Le succès populaire de « Docteur Françoise Gailland »

Deux ans plus tard, en 1972, Jean-Louis Bertuccelli réalisa Paulina 1880, adapté du roman de Pierre-Jean Jouve. Interprété par Olga Karlatos, Maximilian Schell, Michel Bouquet, Sami Frey, ce film en costumes d’une grande beauté entendait dénoncer les us et coutumes de la bonne société milanaise de la seconde moitié du XIXe siècle. Il réalise, en 1974, On s’est trompé d’histoire d’amour, coécrit et interprété par Coline Serreau, Jean-Louis Bertuccelli revient en 1976 à la réalisation avec ce qui sera son plus grand succès public : Docteur Françoise Gailland, d’après Un cri, le roman de Noëlle Loriot (Grasset), avec Annie Girardot, François Perrier, Jean-Pierre Cassel et Isabelle Huppert. L’histoire d’une femme, médecin des hôpitaux, qui apprend un jour qu’elle est atteinte d’un cancer du poumon. Opération, guérison, retrouvailles familiales : grand succès populaire. L’un des rôles les plus célèbres d’Annie Girardot, qui lui valut en 1977 le César de la meilleure actrice.

En 1977, Jean-Louis Bertuccelli s’attaque à forte partie en voulant adapter L’Imprécateur, le roman de René Victor Pilhes (Seuil), prix Femina en 1974. Pour raconter l’histoire de cet homme – l’imprécateur – qui sape les bases de la filiale française d’une grande société américaine, Jean-Louis Bertuccelli fait appel à un casting ébouriffant : Jean Yanne, Michel Piccoli, Jean-Pierre Marielle, Jean-Claude Brialy, Michael Lonsdale, Marlène Jobert, Christine Pascal… Finalement, les numéros d’acteurs masquent quelque peu la charge, très violente, contre le pouvoir grandissant des multinationales.

Suivront ensuite trois films, Interdit aux moins de 13 ans (1982), Stress (1986) et Aujourd’hui peut-être (1991) de moindre importance. Cinéaste engagé et attachant, Jean-Louis Bertuccelli était le père de la cinéaste Julie Bertuccelli, dont le nouveau film, La Cour de Babel, sortira en salles mercredi 12 mars.
Par Franck Nouchi

Le site de Jean-Louis BERTUCELLI

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *