Katerina GOLUBEVA


Sa beauté fantomatique a illuminé les films de Carax ou Bartas. L’actrice d’origine russe Katerina Golubeva est morte à 44 ans.

Décès de Katerina Golubeva, icône trop rare du cinéma

Par Jacques Morice
sur telerama.fr (18/08/2011)

C’est par un faire-part sibyllin publié dans le Libé d’aujourd’hui qu’on a appris le décès de l’actrice Katerina Golubeva. Un avis conforme à son aura, avec une photo et une citation de Robert Musil : « Je crois que la beauté, dit Ulrich, n’est pas autre chose que l’expression du fait qu’une chose a été aimée. Toute beauté de l’art ou du monde trouve son origine dans le pouvoir de rendre un amour intelligible. » La beauté, en effet : difficile de ne pas commencer par elle pour évoquer cette Russe blonde aux yeux d’un bleu marmoréen, visage de véritable icône, silhouette élancée, présence de médium. D’une féminité fantomatique, androgyne, possible image inversée de Christopher Walken.

Elle avait commencé sa carrière en Russie au milieu des années 1980, mais on l’avait découverte en France dans les élégies en images de son compagnon d’alors, le Lituanien Sharunas Bartas. A travers ces films des confins que sont Trois Jours (1991), Corridor (1995), Few of us (1996), elle irradiait, comme un astre mélancolique ou une divinité rendue sauvage. Il y avait dans ce couple Bartas/Golubeva de quoi alimenter le feu d’un mythe. Cela avait d’ailleurs attiré Leos Carax, admirateur de la première heure de Bartas, qui fit appel aux deux pour jouer dans Pola X (1999), aux côtés de Guillaume Depardieu, comète elle aussi disparue, encore plus tôt.

Mère de trois enfants et compagne de Carax (selon une dépêche de l’AFP), Katerina Golubeva était une actrice rare, qui disparaissait et réapparaissait de temps à autre dans le cinéma français, celui de Claire Denis notamment (J’ai pas sommeil, L’intrus). Son dernier rôle marquant datait de Twentynine Palms (2003) de Bruno Dumont, où elle incarnait une sorte d’amazone radicale, les nerfs à vifs, engagée auprès de son amant sur les routes américaines, à faire rimer une fois encore l’amour et la mort.

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