La mort de Myriam de Colombi


La mort de Myriam de Colombi

Photo Pascal Victor : Myriam de Colombi dans la salle du théâtre Montparnasse.

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Par Gilles Costaz

L’une des grandes figures du théâtre privé parisien vient de s’éteindre : Myriam Feune de Colombi, directrice du théâtre de Colombi. Avec cette femme très élégante, qui fut d’abord une belle actrice de la Comédie-Française et des salles parisiennes, c’est un art de l’accueil courtois, d’une programmation intelligente et du métier dans la noblesse de ses traditions qui disparaît. Elle vient de mourir à l’âge de 81 ans, ce 21 avril.
Formée au Conservatoire, elle avait d’abord joué, à 20 ans, Bourdet et Bernanos (Dialogue des Carmélites) à Paris et à Versailles, puis interprété les plus grands rôles, dont Célimène, à la Comédie-Française qu’animaient alors Maurice Escande, Jacques Charon, Robert Hirsch… Après onze ans de présence dans le premier théâtre national, elle avait poursuivi sa carrière d’actrice dans le monde du théâtre privé, jouant notamment Le Sexe faible d’Edouard Bourdet.
Mais la direction d’un théâtre devait devenir sa passion et l’activité principale de sa vie. En 1984, son mari, l’industriel Jean-Louis Vilgrain, achète le théâtre Montparnasse et en confie à Myriam de Colombi la responsabilité. Elle fait rénover le théâtre (la façade de 1867 revit, restituant son esprit des années précédant le Second empire) et prend un parti double : l’alliance d’un théâtre de divertissement et d’un théâtre au regard audacieux sur l’Histoire et la société. Elle fait créer les pièces de Jean-Claude Brisville (Le Souper), Antoine Rault, Stéphane Guérin, Florian Zeller, Pierre Belfond et prend des risques encore plus grands avec Copenhague de Michael Frayn ou, tout récemment, Rouge, biographie de Rotko mise en scène par Jérémie Lippmann et jouée par Niel Arestrup et Alexis Moncorgé. Ses principaux metteurs en scène sont Christophe Lidon, Jean-Claude Idée, Jean-Luc Tardieu, Bernard Murat… Elle donne une grande importance à la seconde salle qui, derrière le bâtiment historique, manqua de s’effondrer et fut remplacé par une construction nouvelle. Elle partageait ses choix avec un co-directeur : ce fut d’abord Jérôme Hullot, puis ce fut Bertrand Thamin. Absorbé par le théâtre, elle se consacra peu à la télévision (on peut néanmoins la voir dans quelques “Au théâtre ce soir”) et au cinéma (Le Casse du siècle, 1971).
Sa mort, après 37 ans de direction au 31 rue de la Gaîté, cause une véritable stupeur et beaucoup d’émotion. Elle était une gracieuse et touchante figure de Paris. Que deviendra le théâtre Montparnasse, en un temps où les groupes financiers aiment à s’emparer du secteur et rendent ainsi plus faible le rôle des directeurs artisans à l’ancienne ? Jean-Louis Vilgrain et Bertrand Thamin tiendront à faire renaître le théâtre Montparnasse au moment de la réouverture des salles qui, pour le privé, se fera surtout au mois de septembre.

 

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