L’APPEL DU MONDE CULTUREL FRANÇAIS


Un appel à la solidarité envers l’Ukraine est lancé par une centaine de structures culturelles. Une initiative de Lucie Berelowitsch, directrice du Préau Centre Dramatique National de Normandie-Vire. Dans un courrier ces directrices et directeurs s’engagent à accueillir les artistes ukrainiens actuellement sur les routes de l’exil.

https://sceneweb.fr/les-theatres-francais-solidaires-avec-lukraine/?fbclid=IwAR0tW05Rmvvy-NoI01oQrzlE8f6EhWi_y7HatCqUQQ3cSXYS0AMsQ23ykXA

Lucie Berelowitsch a fait ses études au Conservatoire de Moscou (GITTIS), avant d’intégrer l’école du Théâtre National de Chaillot en 2000. En 2015-16, elle adapte et met en scène Antigone d’après Sophocle avec des comédiens et musiciens ukrainiens, dont le groupe folklorique-punk Les Dakh Daughters. De ces années, elle a conservé de solides amitiés avec les milieux culturels ukrainiens. « Je me suis alors éloignée de la Russie » nous a-t-elle confié. Après les frappes de l’armée russe contre l’Ukraine la nuit de mercredi à jeudi, la metteuse en scène n’a cessé d’être en contact avec les artistes à Kiev. Elle a décidé de passer à l’action en lançant cet appel, qui a tout de suite trouvé un écho chez ses collègues des Centres Dramatiques Nationaux, des Théâtres Nationaux, des scènes nationales, et des scènes conventionnées.

« Je pense qu’il fallait faire assez vite avec des gestes très concrets » explique Stanislas Nordey qui s’est très vite associé à l’appel. « Les ukrainiens ont vraiment l’impression d’être abandonnés. Cet engagement par écrit, c’est un texte court dans lequel on dit simplement que l’on est solidaire de ce qui leur arrive. On s’engage, s’ils sont sur la route de l’exil, à être à leurs côtés quand ils arrivent en France ». Lucie Berelowitsch a envoyé des lettres aux compagnies pour leur faciliter le passage à la frontière avec l’Europe.

« On est dans une situation terrifiante. face à une détresse terrible » poursuit Stanislas Nordey. Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon est lui en ce moment au Deutsche Opera de Berlin, il répète Les Vêpres siciliennes de Verdi. « Je travaille avec des artistes qui viennent de Russie, d’Ukraine, d’Ouzbékistan, du Kazakhstan, ils sont tous sous le choc » explique le directeur du Festival d’Avignon. « Nous avons à la fois une sensation de révolte, de dégoût, mais aussi d’impuissance. Je crois que tous les artistes posent aussi cette question de savoir comment exprimer notre solidarité vis à vis des artistes ukrainiens ». Olivier Py estime aussi « dans la mesure du possible que l’Europe doit absolument accueillir les Ukrainiens en général et les artistes en particulier ».

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

L’appel du monde culturel français

Nous, directrices et directeurs de lieux culturels en France, nous exprimons par ce message notre solidarité au peuple ukrainien et aux artistes ukrainiennes et ukrainiens.
Nous sommes, face à l’urgence et aux dangers encourus par des artistes contraints de fuir la guerre, prêts à nous mobiliser, à contribuer à les accueillir en France afin qu’ils puissent continuer leur activité et ainsi préserver la libre expression de la culture ukrainienne.

Premiers signataires
Lucie Berelowitsch, directrice du Préau – Centre dramatique national de Normandie-Vire
Stanislas Nordey, directeur du Théâtre national de Strasbourg
Alexander Neef, directeur de l’Opéra national de Paris
Stéphane Braunschweig, directeur du Théâtre national de l’Odéon
Rachid Ouramdane, directeur du Théâtre national de Chaillot
Wajdi Mouawad, Théâtre national de la Colline
Eric Ruf, directeur de La Comédie-Française
Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon
Tiago Rodrigues, futur directeur du Festival d’Avignon
Célie Pauthe, directrice du Centre dramatique national de Besançon
Marcial Di Fonzo Bo, directeur du Centre dramatique national de Caen
Emilie Capliez et Matthieu Cruciani, directrice et directeur de la Comédie de Colmar – Centre dramatique national de Colmar
Aurélie Van den Daele, directrice du Théâtre de l’Union – Centre dramatique national du Limousin
Marc Lainé, directeur du Centre dramatique national de Valence
Jacques Vincey, directeur du Théâtre Olympia – Centre dramatique national de Tours
Marie Didier, directrice du Festival de Marseille
Dominique Bluzet, directeur du Grand Théâtre de Provence et du Théâtre du Gymnase
Benoit Lambert, directeur de La Comédie – Centre dramatique national de Saint-Etienne
Benoit André, directeur de La Filature – Scène nationale de Mulhouse
François Tanguy, directeur de La Fonderie – Théâtre du Radeau – Le Mans
Cyril Jollard, directeur de La Soufflerie – Scène conventionnée de Rezé
Catherine Blondeau, directrice du Grand T – Nantes
Nicolas Blanc, directeur de L’empreinte – Scène nationale Brive-Tulle
Jean Varela, directeur du festival Le Printemps des Comédiens – Montpellier
Laetitia Guedon, directrice des Plateaux Sauvages – Paris
Robin Renucci, directeur des Tréteaux de France – Centre dramatique national
Arnaud Meunier, directeur du la MC2 : Grenoble
Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, co-directeur.rice.s du Monfort Théâtre
Alain Perroux, directeur de l’Opéra national du Rhin
Bruno Boucher, directeur artistique du Ballet de l’opéra national du Rhin
Benoit Bradel, directeur du festival Passages – Transfestival Metz
Damien Godet, directeur de la Scène nationale de Bayonne
Marie Pia-Bureau, directrice de la Scène nationale de Chambéry – Savoie
Charles Berling, directeur de la Scène nationale Châteauvallon – Liberté
Philippe Cogney, directeur de la Scène nationale de Dieppe
Sandrine Mini, directrice de la Scène nationale de Sète
Romaric Daurier, directeur de la Scène nationale de Valenciennes
Jérôme Lecardeur, directeur du Théâtre auditorium de Poitiers – Scène nationale
Simon Deletang, directeur du Théâtre de Bussang
Macha Makeïeff, directrice du Théâtre de la Criée – Marseille
Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Théâtre de la Ville – Paris
Marion Bois, Jeanne Candel et Elaine Méric, co-directrices du Théâtre de l’Aquarium
Eric Vigner, directeur du Théâtre de Pau
Bruno Cochet, directeur du Théâtre de Rungis
Amélie Casasole, directrice du Théâtre de Villefranche – Scène conventionnée
Claudia Stavisky, directrice du Théâtre des Célestins – Lyon
Nacer Djemaï, directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry
Gilles Bouckaert, directeur du Théâtre des Salins – Scène nationale de Martigues
Patrick Ranchain, directeur du Théâtre du Bois de l’Aune – Aix en Provence
David Bobée, directeur du Théâtre du Nord – Centre dramatique national Lille Tourcoing Hauts-de-France
Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point
Christophe Rauck, directeur du Théâtre Nanterre Amandiers
Arthur Nauzyciel, directeur du Théâtre national de Bretagne
Muriel Mayette-Holtz, directrice du Théâtre national de Nice
Jean Bellorini, directeur du Théâtre national populaire de Villeurbanne
Joris Mathieu, directeur du Théâtre Nouvelle Génération – Centre dramatique national de Lyon
Caroline Marcilhac, directrice de Théâtre Ouvert – Centre dramatique national
Renaud Herbin, directeur du TJP – Centre dramatique national de Strasbourg
Olivier Atlan, directeur de la Maison de la Culture de Bourges
Feriel Bakouri, directrice de Points communs / Nouvelle scène nationale de Cergy Pontoise et du Val d’Oise
Carole Rambaud, directrice d’Espaces pluriels – Scène conventionnée de Pau
Eleonora Rossi, Grrranit – Scène nationale de Belfort
Thomas Jolly, directeur du Quai- CDN Angers Pays de la Loire
Pascale Daniel-Lacombe, directrice du Méta – Centre dramatique national de Poitiers Nouvelle Aquitaine
Galin Stoev, directeur du Théâtre de la Cité – CDN Toulouse Occitanie
Jean-François Driant, directeur du Volcan – Scène nationale du Havre
Courtney Geraghty, directrice du Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon
Richard Brunel, directeur de l’opéra de Lyon

Daniel Jeanneteau, directeur du Théâtre de Gennevilliers – Centre dramatique national
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Ariane Mnouchkine :

“Pour Kiev, accepterons-nous au moins de nous geler les fesses ?”

https://www.telerama.fr/debats-reportages/ariane-mnouchkine-pour-kiev-accepterons-nous-au-moins-de-nous-geler-les-fesses-7008996.php?fbclid=IwAR1JxEUiIKQbFfPXNJT3Kh7M4KiJf_VzNfEy2AnWkNzSJbaqiVuIYE93dIU

Ariane Mnouchkine – Réalisatrice – Cartoucherie de Vincennes – 21 octobre 2021 – TRA 3747 – 03/11/2021 –

TRIBUNE — Ariane Mnouchkine, metteuse en scène et directrice du Théâtre du Soleil, appelle nos dirigeants à infliger des sanctions écrasantes contre la Russie, après l’invasion de l’Ukraine. Quitte à devoir payer plus cher le gaz, le pain, l’essence…

« Nous, les artistes, on nous somme déjà de manifester notre solidarité vis-à-vis des artistes ukrainiens bombardés d’une part, et les artistes russes, qui sont sommés, eux, de ne rien manifester du tout, sous peine de se retrouver accusés de trahison et jetés dans les geôles paranoïaques d’un gangster tout-puissant.

Nous devrions écrire des pétitions, des protestations. Nous devrions défiler avec des pancartes jetant l’opprobre sur nos dirigeants trop timorés pour les sommer à leur tour de prendre leurs responsabilités et de trouver des sanctions qui, en quelques mois, écraseraient l’économie russe… sans, surtout, ébranler la nôtre. Sans surtout nous demander aucun sacrifice. Ni sur l’essence, ni sur le pain, ni sur le gaz. Bref, on nous demande une solidarité posturale. On nous demande du vent.

Que nous ne voulions pas mourir pour Kiev, soit, mais, pour Kiev, nous les artistes, accepterons-nous au moins de nous geler les fesses ? Dans nos théâtres, accepterons-nous de distribuer des couvertures au public et de ne pas chauffer la salle ? Et pour exempter de ces sacrifices les plus démunis des Français, ceux qui n’ont d’autres solutions que d’utiliser leur voiture ou ceux qui, pour nous nourrir, doivent utiliser des engins agricoles, accepterons-nous, oui, je vais jusque-là, accepterons-nous les tickets de rationnement d’une essence à un prix raisonnable ? Et pour nos trajets paresseux ou nos promenades, accepterons-nous de payer le litre au prix d’un bon bordeaux ? Ou, mieux encore, nous, les citadins, accepterons-nous de ne pas rouler du tout ?

Idem pour le pain, les pâtes, etc. Il nous faudra des tarifs différents, selon les ressources. Ce sera ça, au moins, la solidarité avec les artistes ukrainiens. Elle commence par la solidarité, ici, chez nous, entre nous. Il s’agit de cela. C’est une guerre nouvelle. Les démocraties retiennent leurs fusils. Leurs ennemis déchaînent les leurs. Il nous faut de nouvelles armes. Tout comme les anciennes, elles coûtent très cher. ll va falloir les payer ou nous taire. »

 

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