Pierre CHARRAS


Bonne nuit, doux prince… Voilà le titre d’un roman que Pierre Charras consacrait à un père disparu. Comédien, traducteur mais surtout écrivain, il vient de nous quitter à l’âge de 68 ans, ce 19 Janvier 2014.

Homme précieux et discret, Pierre Charras, comédien, traducteur mais surtout écrivain, est mort à Bagnolet le 19 janvier, à l’âge de 68 ans.

Né à Saint-Etienne le 19 mars 1945 dans un milieu modeste, il  rêve d’être comédien, complice de son camarade d’enfance Alain Françon, mais il lui faut un métier moins aléatoire. Le voilà en fac d’anglais à Lyon, puis enseignant suppléant. Mais le goût des planches le rattrape, et, résolument autodidacte, le voilà en Avignon, où il crée J’ai confiance dans la justice de mon pays de son ami Alain Scoff (1973), pièce bientôt reprise à Paris.
Proche du metteur en scène Régis Santon, qui fonde le théâtre Essaïon (1974) où Roger Vitrac, Victor Haïm comme Pierre Louÿs voisinent à l’affiche avec Racine et Molière, l’acteur Charras rêve toutefois d’écriture. Mais les nouvelles qu’il signe restent dans ses tiroirs. Jusqu’à ce que Annick Roux, qui deviendra sa compagne et partage avec lui en 1978 l’affiche des Baracos de Jean-Jacques Varoujean, lui offre le stylo qui lève ses inhibitions. Pour « épater » celle qui est devenue sa femme, Pierre Charras signe bientôt un premier roman, Deux ou trois rendez-vous, que son ami stéphanois Paul Fournel – l’amitié et la fidélité accompagnent sans défection un parcours où rien n’est prémédité ni programmé – accueille chez Slatkine, où l’écrivain dirige une éphémère collection (1982).
Le roman suivant séduit Simone Gallimard. Avec Chez Louise, monologue intimiste d’une fille comédienne qui réalise à la mort de sa mère qu’elle est passée à côté d’une affection exceptionnelle (1984), le voilà auteur au Mercure de France.
Désormais Pierre Charras alterne les activités. Comédien : les rôles au théâtre (La Comédie sans titre ou la Régénération, d’Italo Svevo, mise en scène par Jacques Mauclair) et les projets cinématographiques (avec Bernard Favre, Yves Angelo ou Benoît Jacquot), qui sont pour l’écrivain autant de récréations. Les chantiers de traduction : Etienne Robial, fondateur de Futuropolis, sachant son ami angliciste, lui commande la périlleuse adaptation des BD américaines de l’âge d’or (Superman, Zorro, Agent X29, Batman). S’ensuivent d’autres commandes – érotiques anglais ou thrillers, et finalement de grands auteurs contemporains ainsi que de jeunes talents.
Chacun de ses titres a la douceur complice des moments intimes. On était heureux les dimanches (1987), Mémoires d’un ange (1991), Marthe jusqu’au soir (1993), Juste avant la nuit (1998), Bonne nuit, doux prince (2006)…  Jouant avec une sobre élégance du nuancier des douleurs humaines, Pierre Charras est un poète de l’éphémère. Le chantre des consolations.

 

Extraits de l’article de Philippe-Jean Catinchi, Le Monde, 22 janvier 2014 (voir lien ci-contre)

 

À notre tour, nous lui disonsBonne nuit, doux prince…”

Ses prix littéraires :
Monsieur Henri (prix des Deux Magots 1994), Comédien (prix Valery-Larbaud en 2000) et Dix-Neuf Secondes (Prix du roman Fnac, 2003), tous publiés au Mercure de France.

 

Pierre Charras dans LE MONDE, 22 janvier 2014
Pierre Charras dans LES ARCHIVES DU SPECTACLE

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