Richard ATTENBOROUGH


Le réalisateur de GANDHI et de AH DIEU ! QUE LA GUERRE EST JOLIE ! est décédé ce 24 août 2014 à l’âge de 90 ans.

Lu dans LE MONDE:

Richard Attenborough, acteur et réalisateur britannique, est mort à l’âge de 90 ans.

Il faisait partie du club très fermé des acteurs et réalisateurs anglais anoblis par la reine. Richard Attenborough est mort le 24 août, à Londres, des suites d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 90 ans. Né le 29 août 1923, Richard Attenborough est surtout connu pour avoir réalisé quelques films à très gros budgets, parmi lesquels Gandhi, en 1982, avec Ben Kingsley. Mais il fut aussi acteur dans des films non moins célèbres, en particulier La Grande Evasion, de John Sturges, en 1963 (il y joue le rôle du commandant Roger « Big X » Bartlett), et surtout Jurassic Park, de Steven Spielberg, en 1993 (Richard Attenborough y incarne le célébrissime John Hammond).

La carrière de cinéaste d’Attenborough débute en 1969 avec Ah Dieu ! Que la guerre est jolie !, un film qui a l’audace de transformer l’apocalypse – la guerre de 14-18 – en une atroce guignolade. Le prologue de ce film pacifiste dans lequel on retrouve une pléiade de grands acteurs anglais – Laurence Olivier, Michael et Vanessa Redgrave, Maggie Smith, Dirk Bogarde, John Gielgud – prend l’allure d’une comédie musicale satirique.

En 1972, Attenborough réalise Les Griffes du lion, un film respectueux et didactique consacré à la jeunesse et aux premiers exploits de Winston Churchill (interprété par Simon Ward, étonnant de ressemblance).

Avec Un pont trop loin, en 1977, Attenborough confirme son goût pour les films de guerre. Tiré d’un livre de Cornelius Ryan (l’auteur en particulier du Jour le plus long), ce film en forme d’énorme documentaire reconstitué, raconte un épisode dramatique de la seconde guerre mondiale, qui eut lieu entre le 17 et le 24 septembre 1944 à Arnhem, dans l’est des Pays-Bas. Ecrit par le scénariste américain William Goldman – à qui l’on doit entre autres les scénarios de Marathon Man et des Hommes du président sortis en 1976 –, ce film efficace dénonce, au travers de cette « sanglante imbécillité » que fut la bataille d’Arnhem, les horreurs de la guerre, de toutes les guerres.

GLOIRE PLANÉTAIRE

Attenborough attendra 1983 pour connaître la gloire planétaire. Cette année-là, son film Gandhi récolte un total de huit Oscars, dont celui du meilleur réalisateur et du meilleur acteur (attribué à Ben Kingsley, époustouflant en Mahatma). « Je m’étais fixé pour objectif principal de réaliser un film aussi fidèle que possible à l’esprit de l’homme qu’avait été Gandhi, expliquait Attenborough. Il fallait absolument qu’une recherche approfondie me donne une conscience exacte des libertés cinématographiques que je prenais. »

De fait, dans le moindre détail, chaque image du film est l’imitation d’une photographie. La plupart des personnages historiques (Gandhi, bien sûr, mais aussi Jawaharlal Nehru ou encore Lord Mountbatten) sont réincarnés avec un maximum de ressemblance.

Si l’on peut mettre de côté quelques films mineurs comme Magic (1978), Chorus Line (1985) ou encore Un temps pour l’amour (1996) et Chaplin, un malencontreux biopic consacré à Charlie Chaplin (1992), il faut s’arrêter pour finir sur Cry Freedom, le film qu’Attenborough consacra en 1987 à l’amitié entre un journaliste blanc, Donald Woods (interprété par Kevin Kline), et le leader noir sud-africain Steve Biko (Denzel Washington), mort en détention à 31 ans, en 1977. Tourné au Zimbabwe, ce violent pamphlet anti-apartheid montrait en particulier ce que fut l’interrogatoire policier qu’eut à subir le leader du Congrès panafricain avant de mourir.

Qualifié de « propagande crue » par le ministre sud-africain de l’époque, le film fut dans un premier temps, le 29 juillet 1988, interdit au motif que sa projection « risquerait d’attiser des sentiments néfastes pour les relations interraciales et pourrait même conduire à des actes de violence ». « J’ai réalisé ce film dans l’espoir que tous ceux qui ignorent ou se désintéressent du problème de l’apartheid le verraient et se sentiraient dès lors profondément concernés par la question », déclara Attenborough en novembre 1987 lors de la première du film à Harare.

Franck Nouchi

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