STAGE SARAH KANE mené par CHRISTIAN BENEDETTI


Œuvres de Sarah KANE travaillées : 4.48 Psychosis, Blasted , Cleansed, Phaedra’s love, et Crave

Les élèves participants sont tenus d’avoir lu les œuvres avant le stage.

Stage du Lundi 19 au vendredi 23 décembre 2022

De 10h à 18h (1h de pause déjeuner- possible sur place : chacun apporte son repas)

Lieu du stage : Théâtre – Studio  – 18, rue Marcelin Berthelot 94140 Alfortville

Montant du stage : 300 euros

Places limitées : l’effectif maximum est de 15 participants dans l’ordre des inscriptions

Modalité d’inscription : 

Par mail : etheatraux@gmail.com 

Audition prévue le jeudi 8 décembre de 9h à 12h30

Pour l’audition: préparer un fragment dialogué de Sarah Kane (max 5 minutes, sans textes en main, venir avec sa réplique)

Note d’intention de Christian Benedetti pour ce stage :

«  Comme les Grecs il nous faut faire face à l’origine de notre « être ». 

Le domaine de l’art dramatique est l’attention qu’il convient de porter aux rapports entre la folie et la santé mentale, entre l’imagination et la réalité, entre la société et la justice.
L’art dramatique est essentiel à notre humanité. 

Il ne faut pas chercher Sarah Kane avec ses textes, mais nous-mêmes…
Oser nous affronter.
Oser ce bruit et ce silence sur soi.

Sarah Kane ne s’est jamais cachée derrière ses pièces.
Elle nous dit cet endroit encore sanglotant, là où réside notre innocence radicale que nous nous appliquons à enfouir jour après jour pour pouvoir
survivre en étant, pense-t-on, acceptable…
L’exacte topographie de nos paysages intérieurs

Regardé / Regardés /  Regarder / Regardez !

Où l’on commence ? Où commence le monde ? Où est la frontière ?

Danser sur…

Sarah Kane est au-dessus et elle s’amuse.

“Victime, auteur du crime, spectateur…”

Notre peur, notre fascination et notre impulsion vers l’autodestruction

Les plus beaux textes d’amour que j’ai rencontré…

4.48 PSYCHOSIS 

La tentation d’un clin d’œil (love me or kill me)

Sarah vivait à 100 km/h.
Et elle était à contre sens sur une route où la vitesse est la règle pour aller vers l’oubli de soi, avec toute une société qui se suicide dans une totale inconscience.
Sur la frontière, elle incarnait – comme le dit Giorgio Agamben, la seule figure possible d’un être humain aujourd’hui, celle du réfugié.

Comme le dit encore Edward Bond :
Dans Introduction to « Theatre and Drama » by Helen Nicholson :
« …Theatre may help you to find yourself in society, drama requires you to find society in you.
To find, that is, your humanness and accept responsibility for being human… »

Elle disait : (je cite de mémoire) “ Je n’ai qu’une obligation : celle que j’ai par rapport à la vérité.”

Nous devons avoir la même obligation…

Et puis nous devons trouver d’autres voies de représentation, en nous questionnant sur comment représenter cette réalité ?

Chacun est la somme de ses actes et n’a d’existence que dans leurs conséquences.

En temps de paix, les citoyens des grandes puissances démocratiques se ruent sur ce qui va leur permettre de s’extirper de leur quotidien : le divertissement.

Le divertissement n’est pas un corollaire de la précarité de pensée, mais il participe de ses origines en ce qu’il est un organe du pouvoir.

Lorsque maintenant nous nous projetons dans un temps de guerre, temps où le changement abrupt des règles confronte l’individu à l’obligation de s’adapter à une situation contre nature (l’occupation, l’incarcération), nous sommes face à une recherche du divertissement qui s’apparente aux plus grandes quêtes en ce

qu’elle est fondatrice du fait d’être humain.

Nous avons perdu le sens tragique de l’humain, nous nous attachons à le regarder.
La conscience qu’a le citoyen d’un pays démocratique de sa condition non comme un état de fait mais comme un sursis, le pousse à lutter pour servir un ordre nouveau.

Nos luttes sont devenues des combats et le bonheur commun s’est transformé en bien être individuel.

Quelles réponses naissent de cet écart entre ce que la société voudrait véhiculer de l’homme en pareille situation et ce qu’il peut être effectivement ?

« Nous avons le devoir de créer un nouveau théâtre de l’humanité sinon la folie sociale créera un nouveau théâtre de la banalité et de la barbarie.»

Et nous y sommes…

Sarah nous invite à prendre la mesure de ce que nous avons peut-être déjà perdu.

Comme l’a écrit Edward Bond lorsqu’il a eu connaissance du texte :
“4.48” is a great play, bitterly comic, full of desire for life. It is also the document of our time. Read-it – this suicide note is your oblituary.”

Revenir aujourd’hui à 4.48 PSYCHOSIS, c’est en quelque sorte lui renvoyer une lettre à Elle qui m’en a tant envoyées.

C’est encore une tentative de réponse, la tentation d’un clin d’œil.

BLASTED 

C’est une des pièces les plus importantes du XX ème siècle.

Avec BLASTED, elle affronte l’implacable et ses limites…
Elle nous questionne et nous met en demeure de répondre. Comment affronter et mettre en scène les images engendrées par le monde d’aujourd’hui.
Quel sens a le théâtre aujourd’hui ?…

Je ne crois pas autrement que comme réveil matin à ces textes immédiatement « consommables » qui répondent aux évènements de la veille.
Chacun se rassure avec l’idée de faire du théâtre « politique », mais la vraie politique, il me semble, n’est pas là.

Pas dans cette rassurante satisfaction en tous cas.

Au-delà des images.
Affronter le sens et assumer nos responsabilités, accepter les conséquences de nos actes, si nous ne voulons pas nous suicider avec une société qui se suicide dans une inconscience criminelle.
Attention sur le balcon de chaque cuisine, il y a un soldat embusqué…

Le but du théâtre est l’humanité, il doit affronter les limites. Il doit tenter de comprendre ce que sont les êtres humains et comment ils créent leur humanité.

Ses pièces parlent de cela., de la fin de l’humanité et peut-être du début d’une autre.

Nous devons parfois aller en enfer par l’imagination pour éviter d’y aller dans la réalité.
Si par l’art nous pouvons expérimenter quelque chose, nous pourrons peut-être devenir capables de changer notre avenir.

Nous sommes coupables justement parce que nous sommes innocents.Que décidons-nous ? La démocratie ce n’est pas les autres, c’est TOI.

Nous travaillerons aussi sur Cleansed, Phaedra’s love, et Crave.

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