Yves BONNEFOY


« L’Humanité » a rendu un bel hommage à ce grand poète et remarquable traducteur de Shakespeare qui vient de nous quitter à 93 ans

Samedi, 2 Juillet, 2016

Yves Bonnefoy, l’un des grands noms de la poésie contemporaine, également critique d’art et traducteur réputé de Shakespeare, plusieurs fois cité pour le prix Nobel, est mort vendredi à l’âge de 93 ans, selon le Collège de France où il était professeur honoraire.

«Une façon de dire, qui ferait/ Qu’on ne serait pas seul dans le langage.» écrivait Yves Bonnefoy dans un poème Début et fin de la neige, où il évoquait l’essentiel de son art poétique. Auteur de plus de 100 livres, traduit en une trentaine de langues, cité plusieurs fois pour le Nobel, il a été lauréat en France du Grand prix de poésie 1981 de l’Académie, du Goncourt 1987 de la poésie et a remporté le prix mondial Cino del Duca 1995. Yves Bonnefoy est né à Tours (Indre-et-Loire) le 24 juin 1923 d’un père ouvrier-monteur aux ateliers de chemins de fer et d’une mère institutrice. A partir de 1943, après des études de mathématiques, il étudie à Paris l’histoire de la philosophie et des sciences, sous la houlette de Gaston Bachelard et de Jean Hyppolite. Il adhère un temps au surréalisme mais reproche à l’écriture automatique de s’écarter du réel pour bâtir un monde clos de signes et d’images.

Traducteur de Shakespeare

A 30 ans, sa réputation est lancée avec la publication de Du mouvement et de l’immobilité de Douve, un recueil à contre-courant de l’époque, marqué par le dépouillement et une quête intérieure qui range déjà son auteur parmi les plus grands poètes français. Ce recueil, salué par la critique, paraît au Mercure de France, un de ses éditeurs historiques. Il signe ensuite notamment Hier régnant désert (1958), Pierre écrite (1965), Dans le leurre du ciel (1975), Ce qui fut sans lumière (1987), La vie errante (1993), L’encore aveugle (1997) ou (inscrit au programme du bac au début des années 2000). Très actif en dépit de son âge, on lui devait encore cette année L’écharpe rouge (poésie) et La poésie ou la gnose (essai).

Sa poésie, grave et généreuse, attentive aux sonorités, avait l’appui de la critique et de fidèles lecteurs, séduits par son goût du “sensible” et son refus du “concept” ou de “l’abstrait”. Regard métallique, masque puissant et raviné sous une crinière blanche, Yves Bonnefoy a aussi analysé dans ses ouvrages la poésie des autres (), l’art italien (Rêve fait à Mantoue, Rome 1630) ou la peinture (Giacometti, Goya, les peintures noires). C’est enfin le traducteur de l’essentiel du théâtre de Shakespeare (traductions précédées de lumineuses préfaces) mais aussi de Yeats, Pétrarque ou Georges Seferis, qui fut son ami.

Dans ses (1991) Yves Bonnefoy écrivait :

«Le lecteur de la poésie n’analyse pas, il fait le serment de l’auteur, son proche, de demeurer dans l’intense. Et aussi bien, il ferme vite le livre, impatient d’aller vivre cette promesse. Il a retrouvé un espoir. Voilà qui donne à penser qu’il ne faut pas renoncer à espérer dans la poésie.»

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