Comédien au Théâtre du Soleil, héros du film La Palombière, il aura beaucoup joué sur les planches et tourné, avant de se consacrer à la création et à l’animation d’un festival au Val-de-Reuil, dans l’Eure. Il s’est éteint lundi 1er octobre, vaincu par un cancer. Sa famille et ses amis lui diront adieu mardi matin, 8 octobre, lors d’une cérémonie à la Coupole du Père-Lachaise.
Le premier mot qui revienne est « générosité ». Tous ses amis les plus proches, ses potes de Marseille, le disent. Philippe Caubère comme Maxime Lombard : c’est l’amour des autres qui attisait la lumière qui émanait de tout son être. Jean-Claude Bourbault était un coeur rare, un homme tout entier tourné vers autrui. Citons, d’entrée, Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, cette ville nouvelle édifiée dans l’Eure et où Jean-Claude Barbault mena une action exemplaire. « Jean-Claude généreux, courageux, bienveillant. Jean-Claude qui ne pouvait voir un enfant sans l’aider, qui m’a tellement donné et appris. Jean-Claude que nous aimions. Acteur, artiste, ami, Jean-Claude de tout le monde. Jean-Claude Bourbault s’en est allé. Deuil et chagrin ».
Jean-Claude Bourbault, né le 17 février 1945, à Saint-Julien-du-Sault, en Bourgogne, s’est éteint ce 1er octobre, vaincu par un cancer, contre lequel il aura lutté sans jamais se plaindre, accompagné par sa femme, comédienne d’une haute délicatesse, Christine Brucher, et Sacha, fils de Christine, qu’il avait adopté, à la demande du tout jeune homme.
Pourquoi le Val-de-Reuil ? Par fidélité et amitié. Marc-Antoine Jamet, maire de la ville et forte figure du PS, est le fils de Françoise Jamet, comédienne du Théâtre du Soleil, et de Dominique Jamet, écrivain et journaliste. Sans doute le lien s’est-il tissé ainsi. En tout cas, plus de vingt ans durant, Jean-Claude Bourbault aura été l’animateur, d’un festival qu’il avait créé et qui réunit et éclaire. Il se donnait tout entier à sa fonction, mais il allait bien au-delà, car il aimait les gens, il soutenait les plus faibles, aidait, ne lâchait jamais.
Ainsi va une vie. Grandi en Bourgogne, il arrive à 14 ans à Marseille. C’est à Aix-en-Provence qu’il va rencontrer Philippe Caubère. « On s’est connus en 1968, à Aix. Je venais de jouer dans une pizzeria, quand il est arrivé et s’est présenté. » Un nom romanesque, de l’allure. Ils ne se quittent plus et vont élaborer, avec l’ami Maxime Lombard, en 1971, La Commune, cette célébration du centenaire de l’insurrection révolutionnaire qui les conduira jusqu’à la Cartoucherie. « Nous avions joué à Lyon, tout près du chapiteau d’Ariane Mnouchkine. Elle s’est intéressée à nous », précisent en substance et Philippe Caubère et Maxime Lombard. « Nous avons également joué à Avignon, avec beaucoup de succès –Lucien Attoun nous avait consacré un article enthousiaste. Le hasard de l’empêchement de l’un de nous, a fait que Pierre Tailhade nous a proposé de le remplacer. Il était l’un des cofondateurs du Soleil… »
« Les Marseillais », ainsi que les surnomme la troupe, arrivent à la Cartoucherie. Du sang vif. Laissons Philippe Caubère et Maxime Lombard, deux destinées singulières, dessiner leurs chemins. Ils sont connus. Paradoxalement, Jean-Claude Bourbault est moins repéré par le grand public. Pourtant son chemin est remarquable. Dès ses années marseillaises, il s’est formé auprès d’Antoine Bourseiller, jouant notamment dans Oh ! America. Ariane Mnouchkine l’engage dans la reprise de 1789, dans 1793, pour un commis boucher, dans L’Age d’or où il est Démosthène et le gros professeur Amadeus.. Dans le film Molière, il est Louis Béjart. Mais il y a surtout Méphisto, d’après Klaus Mann, en 1979. Il y a deux rôles principaux. Gérard Hardy et lui, Jean-Claude Bourbault. Il est Otto Ulrich/Hans Otto.
Un peu après Philippe Caubère, il quitte à son tour le Soleil. Des grands stages de renouvellement ont lieu. Ce seront les légendaires « Shakespeare ». Les Marseillais n’y participent pas. Mais John Arnold, lui, oui. Sa mère est la marraine de Jean-Claude Bourbault. John Arnold, 16 ans, est arrivé dans le bois de Vincennes pour participer à la peinture de la fresque de Méphisto. Brûlons les étapes : Ariane le remarque et l’engage comme comédien. Lui aussi évoque le profond altruisme de Jean-Claude Bourbault. Son souci des autres. Sa rayonnante générosité.
A peine quitté le bois de Vincennes, Jean-Claude Bourbault monte des spectacles, avec le soutien de l’AFAA (Agence française d’action artistique), au Vietnam, au Honduras, etc. Il tourne avec Claude Lelouch dans Les uns et les autres, Edith et Marcel. Mais rien, pour sa reconnaissance, qui ne vaille La Palombière, en 1983. Un film de Jean-Pierre Denis, avec une toute jeune Christiane Millet. Un miracle de film, très subtil et émouvant, dans lequel il a le premier rôle.
On ne fera pas ici tout le recensement de ses rôles, au théâtre, à la télévision, au cinéma. Retenons Minuit chrétien de Tilly, mis en scène par ses soins en 1999. Christine Brucher et lui y incarnaient un coupe d’affreux, à mille années-lumière de leur vérité.
On pourrait détailler plus longuement le beau parcours de cet artiste, photographe, musicien aimant la clarinette et la trompette. Mais un seul mot suffit : l’amour. Des siens, des autres, du théâtre.
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