Hélène DUC

Le par Fabienne Gozlan - Commentaires (0)

Comédienne de grand talent, alliant la verve comique autant que la grandeur tragique, «Juste parmi les nations», elle nous a quitté ce dimanche 23 novembre.

La nouvelle nous est parvenue ce dimanche soir. Nous sommes particulièrement touchés, puisque Hélène Duc était la mère de notre amie très chère, membre du CA, Elisabeth Catroux.
Nous pensons à sa famille dont nous nous sentons très proches.

Voici quelques extraits de l’article paru dans Le Figaro.fr, sous la plume de Bretrand Guyard

DISPARITION – L’inoubliable interprète de la comtesse Mahaut d’Artois des Rois maudits de Claude Barma est morte dimanche à 97 ans. Elle avait été très affectée par la disparition l’an passé de sa fille Elisabeth Catroux, qui avait embrassé aussi la carrière d’actrice.

Au théâtre, sa plus grande passion, elle reprit fois trois son rôle fétiche, Mère courage et ses enfants, de Bertolt Brecht.

Ce qui frappait d’emblée, c’était son port aristocratique et son profond regard bleu. Il pétillait d’intelligence et de passion. Toute sa vie elle aborda les sujets qui touchaient de près ou de loin au théâtre avec une ferveur communicative. Il était stupéfiant de l’entendre déclamer, de mémoire, alors qu’elle avait passé allègrement 90 ans, des tirades entières du théâtre classique.

Dans ses mémoires (Entre Cour et Jardin, aux éditions Pascal), elle révèle qu’elle est montée sur scène dès l’âge de deux ans pour une fête de charité protestante. Les amis de ses parents avaient détecté chez cette enfant le talent d’une future tragédienne. Ils répétaient souvent qu’il fallait garder un rôle «à la petite Duc qui est si drôle». Hélène Duc avoua bien plus plus tard qu’elle avait obéi à une force supérieure, une prédestination.

Née le 22 mars 1917 à Bergerac, sa ville natale qu’elle a tant aimée, Hélène Duc a toujours été une bonne élève. À dix-sept ans, elle monte à Paris pour continuer ses études. Mais l’envie de théâtre la démange. À 19 ans, elle passe une audition au cours de Claude Dauphin. Elle donne la réplique à Jean Desailly dans On ne badine pas avec l’amour. Ses premiers maîtres à penser sont Louis Jouvet, les Pitoëff, Dullin. L’art est difficile mais jamais elle ne désarme.

Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale freine ses ardeurs. Elle revient à Bergerac pour être nommée professeur à l’école Jules Ferry. Comme elle le rapporta elle-même, elle enseigna à peu près tout sauf les mathématiques et les sciences. Elle y eut comme élève La jeune Juliette Gréco.
C’est à Bergerac qu’avec sa mère, la jeune Hélène Duc aida des juifs à passer la ligne de démarcation. Le mémorial Yad Vashem a décidé en 2005 de la reconnaître avec sa mère « Juste parmi les nations »*.

Après la guerre, sa décision est prise: ce sera le théâtre ou rien. À la fin des années 1950, Hélène Duc est considérée comme une grande tragédienne. Elle reprend son rôle fétiche dans Mère courage et ses enfants de Bertolt Brecht trois fois: au Grenier de Toulouse en 1959, au festival de Sarlat en 1962 et 1963 et au Capitole de Toulouse en 1965.

Malheureusment, le cinéma ne saura utiliser que son talent comique. Elle joue dans La Chasse à l’homme d’Édouard Molinaro, film dans lequel elle tient merveilleusement le rôle d’une femme du monde, diablement chic qui s’offre un gigolo. Dans la vie, ce jeune premier aux allures de voyou de bonne famille se nomme Jean-Paul Belmondo.

En 1971, Claude Barma a besoin d’une comédienne au fort tempérament pour interpréter la comtesse Mahaut d’Artois, l’héroïne régicide des Rois maudits de Maurice Druon. La querelle dynastique qui l’oppose à son neveu Robert d’Artois – incarné magnifiquement par Jean Piat – est si impitoyable qu’elle finira par provoquer la guerre de Cent Ans. La série télévisée est un incroyable succès. Des millions de Français découvrent la fin des Capétiens directs et la puissance et la finesse du jeu d’Hélène Duc. Quand, trente ans après, Josée Dayan signe un remake, elle demande à Hélène de figurer dans sa distribution. La réalisatrice se sent obligée de lui rendre hommage.

En l’an 2000, Étienne Chatilliez va lui offrir un beau cadeau. Le réalisateur a besoin d’une belle-mère aussi acariâtre que sympathique pour son film Tanguy. Hélène est aux anges, obtenir un tel emploi à 83 ans, est exceptionnel. Elle devient tout à coup pour les jeunes générations qui ne la connaissaient pas l’archétype de la marâtre. Impossible à vivre mais attachante.

Dans ses mémoires, elle écrit pour conclure: « À travers indistinctement toutes choses, j’ai éperdument adoré ». C’est le public aujourd’hui qui perd une comédienne qu’il adorait.

* Hélène Duc était Commandeur des arts et lettres et officier de la Légion d’Honneur.

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