L’un des arguments récurrents des directrices et directeurs de théâtre pour se dédouaner de ne pouvoir programmer à parité des artistes hommes et femmes est de dire qu’il n’y a pas assez de propositions de spectacles de metteuses en scène. Et d’expliquer cette situation en arguant que les femmes ayant eu accès tardivement aux plateaux de théâtre, le nombre de metteuses en scène est infime au regard de celui des metteurs en scène.
Argument apparemment partagé par le Ministère de la Culture car, s’il encourage la parité, il ne l’impose pas.
Or ceci n’est pas tout à fait vrai. Les propositions de metteuses en scène ne manquent pas sur les bureaux des directrices et directeurs, et, plutôt que d’évoquer une pénurie de projets portés par des femmes, il serait plus juste de dire qu’ils ne retiennent pas leur attention.
Comment expliquer en effet que les artistes dans les théâtres soient majoritairement des hommes, alors que les femmes sont deux fois plus nombreuses à se présenter aux concours d’entrée des écoles supérieures d’art dramatique et qu’elles proposent au moins autant de premiers projets de spectacle à la sortie de ces écoles.
Les femmes sont-elles condamnées à disparaître des métiers artistiques au fur et à mesure de leur entrée dans la vie professionnelle ?
Le problème n’est donc pas un problème socio-historique lié à la reconnaissance tardive des artistes femmes mais un problème artistique. Il faut se rendre à l’évidence : les spectacles des metteuses en scènes sont boycottés par les directrices et directeurs de théâtre qui ne les considèrent pas dignes d’être proposés au public.
Les femmes seraient-elles illégitimes artistiquement ?
Le plus surprenant est que l’État avalise ce machisme.
Pourquoi ne rend-il pas obligatoire la parité lorsqu’il distribue sous forme de subvention l’argent public? L’égalité n’est-elle pas l’un des fondements de la démocratie ? Et un État démocratique n’a-t-il pas le devoir de veiller à ce que les hommes et les femmes aient le même droit à la parole ?
Il ne suffit donc pas au Ministère de la culture d’encourager la parité, il peut et il doit l’imposer !
Ainsi, pourrions nous apprécier l’audace d’une politique culturelle qui s’aventurerait à donner la parole aux femmes. Loin d’être un désastre artistique, elle obligerait à la création de nouveaux répertoires avec de nouvelles esthétiques. On y gagnerait à coup sûr en inventivité…!
par Martine LOGIER, responsable des cartes blanches.
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