Notre Philip K. porte en lui Philip K. Dick, Philip K.afka, Philip K.ichotte : quatre siècles de capitalisme et d’absurdités. Tel un chevalier errant ou désespérant, il va d’aventure en aventure, à la poursuite de ses obsessions, sans jamais quitter son appartement de Berkeley dans la Baie de San Francisco.
Du 16 septembre 01 octobre 2020
Tarif exceptionnel à 10 euros pour les adhérents de Rue du Conservatoire et pour les élèves du CNSAD
Pour ce faire, vous pouvez nous contacter par mail à rp@la-tempete.fr avec le code « RUEDUCONS »
REPRÉSENTATIONS
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30 Durée : 1h30
RELÂCHES ET REPRÉSENTATIONS EXCEPTIONNELLES
ATTENTION : ce spectacle est joué hors les murs, au Théâtre de l’Aquarium.
L’accueil se fait directement là-bas.
RÉSERVATIONS
https://la-tempete.notre-billetterie.fr/billets?spec=356
avec Vincent Arot, Laurent Barbot, Benoît Carré, Nicolas Giret-Famin, Julien Villa, Lou Wenzel, Noémie Zurletti
assistant à la mise en scène: Samuel Vittoz
collaboration artistique: Vincent Arot
scénographie-vidéo : Sarah Jacquemot-Fiumani
lumières: Gaëtan Veber
composition musicale: Clémence Jean guillaume
La Propagande Asiatique et la Compagnie Vous êtes Ici ; en coproduction avec le Théâtre de Lorient–CDN, L’Empreinte scène nationale Brive-Tulle ; avec le soutien des Plateaux Sauvages, du Fonds SACD musique de scène et de l’OARA–Office artistique de la Région Aquitaine ; en partenariat avec La vie brève – Théâtre de l’Aquarium; avec l’aide du programme de recherche et de création Hors les murs 2017 de l’Institut français; en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête. Remerciements au Centquatre, au Studio BeauLabo–Montreuil et au Carreau du Temple.
En 2016 j’ai, en collaboration avec Vincent Arot, dirigé et mis en scène mon premier spectacle intitulé « J’ai dans mon coeur un General Motors », à Paris au Théâtre de la Bastille et en tournée avec le TNBA, les CDN de Valence et de Caen.
Cette pièce mettait en perspective, fordisme, histoire du Black Panther Party et naissance de l’industrie musicale avec le label Motown. Elle poursuivait une obsession confirmée en 2012 lors de la création du Capital de Sylvain Creuzevault – spectacle auquel Vincent Arot et moi-même avions participé en tant qu’acteurs et auteurs.
Nous avons décidé de continuer notre travail sur les sociétés capitalistes et les masques qu’elles produisent, en nous intéressant aux théories du complot, et à la question du réel dans la « société du spectacle », moment historique du capitalisme et qui voit le début de son apogée dans les années 60-70.
Il naît le 16 décembre 1928 à Chicago. Il grandit à Berkeley, dans la baie de San Francisco et ne quittera jamais la Californie. Peu avant sa mort, en 1982, et jusqu’à aujourd’hui, l’industrie d’Hollywood s’est emparée de son oeuvre gigantesque : Blade Runner, Total Recall, Minority Report, etc. Écrivain reconnu aujourd’hui pour son écriture d’anticipation, ce paranoïaque génial a cherché toute sa vie à découvrir quelle(s) réalité(s) se cachaient derrière le réel, comment distinguer le vrai du faux dans une société d’ersatz, comment différencier un homme d’un androïde. Ses romans décrivent des mondes souvent totalitaires, à la technologie très avancée, mais dans lesquels la crasse, la pauvreté, les petits gestes mesquins et les marchandises en toc restent prépondérants.
Sa sœur jumelle, Jane, meurt peu après leur naissance. Ce double spectral hante chacun de ses romans sous les traits d’une fille au cheveux noirs, tantôt humaine, tantôt androïde. Cet évènement tragique a fait naitre en lui une question obsédante : lequel des deux enfants est vraiment resté en vie ? Et si le réel était ailleurs ? Cette manière dont Dick met en doute la réalité est profondément théâtrale.
Dans les années 70 aux Etats-Unis, la science-fiction est le sous-genre par excellence. Il est particulièrement difficile de gagner sa vie comme auteur. Pour y parvenir, Dick doit donc soutenir une cadence d’écriture effrénée. Au total, il a écrit 40 romans et 120 nouvelles – et pris une quantité impressionnante d’amphétamines légales.
Il ne s’agissait pas d’adapter une œuvre de Philip K. Dick., ni de lui dresser un portrait, mais bien de tisser un rapport d’infidèle-fidélité à cet auteur. C’est pourquoi j’ai inventé Philip K, personnage kafkaïen de la seconde partie du 20e siècle, ressemblant étrangement à Philip K. Dick.
En me nourrissant pendant un an et demi des obsessions nouvelles que ses œuvres avaient fait naître en moi, j’ai écrit un objet littéraire, un recueil. Je l’appelle le sous-texte. Il se présente sous la forme de contes, de dialogues et de monologues intérieurs. J’ai écrit à partir de l’oeuvre gigantesque de Dick, de certains de ses personnages et obsessions, de ses structures narratives, du contexte historique et social dans lequel il vécut ; mais aussi en le confrontant à des philosophes et romanciers du « réel » : Platon, Nietzsche, Pessoa, Boltanski, Ballard, Kafka et Cervantes.
J’ai écrit la majeure partie du « sous-texte » aux Etats-Unis, au début de l’été 2017, dans le cadre du programme de recherche et de création hors les murs de l’Institut Français. Vincent Arot et moi-même avons alterné l’exploration à pied des deux grandes métropoles américaines que sont New-York et San Francisco et les temps d’écriture ; nous avons pu créer les conditions idéales pour qu’émerge la matière poétique de la pièce à venir.
Ce voyage nous a permis de constituer la cosmogonie de ce personnage inventé : Philip K.
Notre Philip K. porte en lui Philip K. Dick, Philip K.afka, Philip K.ichotte : quatre siècles de capitalisme et d’absurdités. Tel un chevalier errant ou désespérant, il va d’aventure en aventure, à la poursuite de ses obsessions, sans jamais quitter son appartement de Berkeley dans la Baie de San Francisco.Lors des répétitions, nous utilisons l’outil de l’écriture au plateau, c’est-à-dire l’improvisation. Mais nous pensons aussi qu’il n’y a pas de choix à faire entre le texte et l’improvisation, tant que sont visées une langue et une dramaturgie. En partant de ce recueil comme matériau principal et sous-texte, nous voulions continuer à prendre le parti passionnant d’affirmer qu’il ne s’agit pas seulement d’écrire pour jouer, mais également de jouer pour écrire. C’est la manière singulière dont les acteurs s’approprient ce matériau, qui n’était volontairement pas un objet théâtral, et le transforment en improvisant, qui a conduit à l’écriture de la pièce. Le recueil nous a permis de canaliser toutes les forces et propositions des acteurs au service d’une langue et d’un univers communs.
La pièce est le résultat de la confrontation entre le recueil de poèmes, la structure du conte établie en amont, et l’écriture en plateau.
Elle s’intitule « Philip K. ou la fille aux cheveux noirs ». Le recueil s’intitule « Jane K », le double manquant, la soeur jumelle morte à la naissance.
Ce texte contient donc deux documents, la pièce écrite et le recueil qui lui a servi de matériau. Le recueil est composé à l’origine d’une soixantaine de textes : certains se sont fondus dans le texte définitif de la pièce, d’autres ont simplement été coupés pour que les deux volumes se fassent écho et possèdent un corps semblable.
Au début des années 70, l’affaire du Watergate compromet Nixon et son Administration. Cela conduit Nixon à la démission en 1974.
Cette affaire constitue pour nous un tournant historique : les soupçons de conspirations, nés d’abord du secret et du silence de la vieille administration, ont trouvé leur justification dans l’affaire du Watergate, et, dans le contexte de boom médiatique des années 1970, ont été amplifiés de manière inouïe. Mais on disait la vérité au milieu de tant d’autres pseudo-vérités que cela ne changeait rien. C’est ce que Guy Debord écrit en 1967 dans La Société du Spectacle : « les rapports entre les hommes ne sont plus seulement médiatisés par des marchandises, mais également par des images. Quand l’image devient réalité, la réalité devient image. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation ». Les révélations médiatiques se succèdent et plus personne ne semble s’en émouvoir. L’indifférence qui suit la révélation du complot du Watergate est exemplaire de la défaite des mouvements révolutionnaires des années 60 : la conscience de l’aliénation ne mène pas les peuples à la révolte, elle les plonge dans l’aphasie et la méfiance et les rend toujours plus passifs.
Philip K. est obsédé par Nixon comme Don Quichotte par les « enchanteurs malins ». Clown ou paranoïaque légitime, il se tient sur la crête de l’époque et serpente à travers les lumières, croulant sous une profusion d’images et d’informations, comme Kafka errait dans l’administration obscure et secrète du vieux monde.
L’aveuglement a simplement changé de forme.
TEASER : https://youtu.be/MmE-ibwuR_k
Lien vers les deux articles :
https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/180920/julien-k-villa-et-son-double
https://www.froggydelight.com/article-23860-Philippe_K._ou_la_fille_aux_cheveux_noirs.html
https://www.journal-laterrasse.fr/philip-k-ou-la-fille-aux-cheveux-noirs-de-julie-villa/
https://www.theatreonline.com/Spectacle/Philip-K-ou-La-fille-aux-cheveux-noirs/71466
https://quefaire.paris.fr/101074/philip-k-ou-la-fille-aux-cheveux-noirs
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