PLOUTOS au Théâtre de l’Épée de Bois jusqu’au 26 janvier

Le par Rue du Conservatoire - Commentaires (0)
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Théâtre de l’Epée de Bois : du 9 janvier au 26 janvier 2020
Cartoucherie de Vincennes – Route du Champs de manœuvre
75012 Paris
Représentations : Jeudi / vendredi / samedi 20h30 – samedi et dimanche 17h
Débat : 
– le 25 janvier après la représentation de 17h
Aurore Jesset (psychanalyste, écrivaine, interprète d’Art – association Les Arts et des Mots)
Pierre Henry (directeur général France Terre d’Asile)

 

 

Premiers Articles

Sarah Franck (Arts Chipels)

Sacrés Grecs ! Leur théâtre a décidément encore beaucoup à nous apprendre sur nous-mêmes ! Cette comédie d’Aristophane qui fait s’affronter Richesse et Pauvreté où les dieux de tout acabit en prennent pour leur grade flirte avec une réflexion philosophique dont l’actualité nous saute au visage.

Micheline Rousselet (lettre SNES)

… très drôle et d’actualité car nous sommes toujours aux prises avec les questions de justice et de morale que posent l’argent et la distribution équitable des richesses.

Laurent Schteiner (theatres.com)

Oliver Cruveiller poursuit son œuvre en apportant des éléments actuels et inhérents à notre société telles que l’intelligence artificielle ou encore les nanotechnologies. Les comédiens réalisent une très belle partition en réalisant ce spectacle riche et décalé. Les respirations musicales en raccord avec le thème constituent autant de clins d’œil comiques. En nourrissant de riches apports à cette pièce, Philippe Lanton a su donner un tour déjanté tout en respectant le fil de l’œuvre d’Aristophane. Un très beau travail !

Laurent Mauduit (Médiapart)

Ce qu’Aristophane nous enseigne sur «la folie des plus riches
En ces temps de crise sociale, la première idée qui passe par l’esprit n’est pas de se (re)plonger dans Aristophane. Erreur : son « Ploutos », dieu de la richesse dans la mythologie grecque, joué magnifiquement au Théâtre de l’Épée de bois, à la Cartoucherie de Vincennes, présente une allégorie d’une formidable actualité sur les ravages de l’argent. Non, assurément, en ces temps de crise sociale, la première idée n’est, de fait, pas de découvrir ou de redécouvrir Aristophane (né vers 445 avant J.-C., mort vers 386 avant J.-C.), poète grec un tantinet oublié. Pour quelques-uns qui ont fait leurs humanités, son œuvre renvoie le plus souvent à de vieux souvenirs, plutôt effacés – j’avoue que c’est mon cas. Et pour beaucoup, son œuvre est inconnue.
Alors, en ces jours de grève, l’idée ne vient pas spontanément d’aller à la Cartoucherie de Vincennes, au Théâtre de l’Épée de bois, pour entendre l’une des pièces de théâtre d’un poète si ancien, et pas la plus connue. Il y a bien le nom de l’oeuvre, Ploutos, qui fait dresser l’oreille. Car on comprend bien, même si on ne connaît pas cet auteur, que Ploutos a à voir avec l’argent. Et que c’est la racine qui a conduit à former le mot de ploutocratie – le pouvoir des riches –, qui en de nombreux lieux a tellement fait de ravages sur la démocratie. Mais on ne se prend pas à penser qu’une telle œuvre, si ancienne, peut donner à réfléchir sur notre époque.
Et pourtant si ! Adaptée par Olivier Cruveiller et mise en scène par Philippe Lanton, la pièce Ploutos, l’argent Dieu, est formidablement réjouissante. C’est Aristophane qui sert de trame au récit, mais il s’agit d’une interprétation libre, joyeuse, intelligente, qui se dégage du texte, parfois même qui l’oublie pour faire des digressions surprenantes ou inattendues, mais ensuite qui y revient, et qui donne de la force et surtout qui souligne l’actualité de l’allégorie du poète.
Cette allégorie, le théâtre la résume simplement : « Ploutos, dans la mythologie grecque, désignait le dieu de la richesse et de l’abondance. Zeus, pour éviter que Ploutos devienne le bienfaiteur des hommes et menace ainsi son pouvoir, a décidé de le rendre aveugle. Les biens distribués par Ploutos vont, en conséquence, essentiellement vers les nantis. Sur le bon conseil de l’oracle d’Apollon, un honnête citoyen d’Athènes, Chrémyle, et son esclave Carion proposent à Ploutos de l’aider à recouvrer la vue s’il promet de venir en aide aux nécessiteux… » On devine donc sans peine la force et l’actualité de l’histoire. Au fil de la pièce, portée par une troupe talentueuse, tantôt joyeuse et moqueuse, tantôt sérieuse, on découvre les ravages de l’argent ; l’argent qui corrompt ; l’argent qui corrompt l’amour ; l’argent qui corrompt la démocratie. Et à vingt-cinq siècles d’intervalle, on entend des répliques qui font sourire, tant elles semblent avoir été écrites pour nos temps présents. Sur « la folie des plus riches qui guident la raison des plus pauvres » ; sur la nécessité de « moraliser la vie publique ». En ces temps de conflit social et de grèves, c’est donc tout au contraire précieux d’assister à pareil spectacle.
Car celui-ci donne de la profondeur et de l’intelligence à nos controverses et nos combats d’aujourd’hui. Contemporain de la guerre du Péloponnèse, qui vit sombrer la jeune démocratie athénienne face à Sparte et aboutit au rétablissement de la tyrannie, Aristophane nous invite à réfléchir à la richesse, à la pauvreté, à la corruption, à la cupidité. On ne peut du même coup s’empêcher de penser qu’il nous invite à réfléchir sur nous-même. Et sur notre propre démocratie, qui va si mal.

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