Face aux tumultes de notre époque, aux désarrois de notre profession mais pas que… j’ai tenu à rappeler ce texte fondamental de VICTOR HUGO .
Visionnez ici https://youtu.be/Y5ACfwyoclo
À l’automne 1849 en effet, Victor Hugo, alors membre de l’Assemblée nationale de la seconde République, fait partie des personnalités auditionnées par la commission du Conseil d’État chargée de préparer une « loi sur les théâtres » attendue depuis la révolution de février 1848. Son opinion est sollicitée, comme celle des trente autres professionnels interrogés – auteurs, comédiens, critiques ou directeurs de salle –, sur toutes les questions générales qui intéressent alors le secteur théâtral. Plus qu’aucun autre, Hugo saisit alors l’occasion de développer sa pensée sur le sujet : deux séances d’audition successives lui sont nécessaires pour aller au terme du vaste programme de réorganisation du théâtre qu’il propose et dont la création de théâtres subventionnés visant le public populaire est le point d’orgue
Dans une occasion pareille, et permettez–moi de le redire : Les théâtres fermés, c’est le drapeau noir déployé.
Eh bien, je voudrais que vous, vous les représentants de Paris, vous vinssiez dire à cette portion de la majorité qui vous inquiète : Osez déployer ce drapeau noir ! osez abandonner les théâtres ! Mais, sachez–le bien, qui laisse fermer les théâtres fait fermer les boutiques ! Sachez–le bien, qui laisse fermer les théâtres de Paris, fait une chose que nos plus redoutables années n’ont pas faite ; que l’invasion n’a pas faite, que quatre-vingt–treize n’a pas faite ! Qui ferme les théâtres de Paris éteint le feu qui éclaire, pour ne plus laisser resplendir quele feu qui incendie ! Osez prendre cette responsabilité !
Messieurs, cette question des théâtres est maintenant un côté, un côté bien douloureux, de la grande question des détresses publiques. Ce que nous invoquons ici, c’est encore le principe de l’assistance. Il y a là, autour de nous, je vous le répète, vingt mille familles qui nous demandent de ne pas leur ôter leur pain ! Le plus déplorable témoignage de la dureté des temps que nous traversons, c’est que les théâtres, qui n’avaient jamais fait partie que de notre gloire, font aujourd hui partie de notre misère.
Je vous en conjure, réfléchissez–y. Ne désertez pas ce grand intérêt. Faites de moi ce que vous voudrez ; je suis prêt à monter à la tribune, je suis prêt à combattre, à la poupe, à la proue, où l’on voudra, n’importe ; mais ne reculonspas ! Sans vous, je ne suis rien ; avec vous, je ne crains rien ! Je vous supplie de ne pas repousser la proposition. » Victor Hugo
La proposition, appuyée par la presque unanimité des représentants de la Seine et adoptée par le comité de l’intérieur, fut acceptée par le gouvernement, qui réduisit à six cent mille francs la subvention proposée.
M. Victor Hugo, nommé président et rapporteur d’une commission spéciale chargée d’examiner le projet de décret, et composée de MM. Léon de Maleville, Bixio et Évariste Bavoux, déposa au nom du comité de l’intérieur et lut en séance publique, le 17 juillet, le rapport suivant :
« Citoyens représentants,
Dans les graves conjonctures où nous sommes, en examinant le projet de subvention aux théâtres de Paris, votre comité de l’intérieur et la commission qu’il a nommée ont eu le courage d’écarter toutes les hautes considérations d’art, de littérature, de gloire nationale, qui viendraient si naturellement en aide au projet, que nous conservons du reste, et que nous ferons certainement valoir à l’occasion dans des temps meilleurs ; le comité, dis–je, a eu le courage d’écarter toutes ces considérations pour ne se préoccuper de la mesure proposée qu’au point de vue de l’utilité politique. » Victor Hugo
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