Tania Torrens : Une étoile a filé au firmament

Le par Rue du Conservatoire - Commentaires (0)

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C’est avec la grande discrétion qui la caractérisait que la comédienne s’est éteinte, jeudi 12 décembre 2024, à 79 ans, des suites d’une longue maladie, entourée de la tendresse de ses enfants.

Tania Torrens © Cie Jeanne Champagne
Dans « La maison », extrait de « La vie matérielle » de Duras © Cie Jeanne Champagne

C’est une grande dame qui s’en est allée. Une enfant de la balle comme on dit, son père était le comédien Jacques Torrens (la voix de Scooby-Doo) et sa mère l’actrice Nathalie Nattier (Les Portes de la nuit de Marcel Carné). Le théâtre était donc pour elle un chemin tout tracé. Élève du grand acteur Fernand Ledoux, Tania Torrens est sortie en 1965 du Conservatoire, avec le Premier prix de tragédie. Après des débuts dans la Cie Renaud-Barrault, elle entre à la Comédie-Française en 1967, en même temps que Ludmila Mickaël.

Un beau parcours

Elle va y rester 20 ans, devenant en 1976 la 457e sociétaire. La troupe était alors grandiose. « Belle et sensible, elle passe sans difficulté de la tragédie à la comédie », comme l’indique sa biographie sur le site de la Comédie-Française. Elle y a joué à merveille Marivaux, Beaumarchais, Strindberg, Tchekhov (qui lui allait si bien), Gorki, Vitrac. Les archives de l’INA permettent aujourd’hui d’admirer son talent dans de nombreux spectacles et plus particulièrement dans Le roi se meurt de Ionesco, mis en scène par Jorge Lavelli.

Lorsqu’elle quitte la Maison de Molière en 1988, à 43 ans, le théâtre se fait plus rare pour elle. De 1995 à 2013, elle travaille régulièrement avec la metteuse en scène Jeanne Champagne, L’Éden Cinéma, Écrire de Duras, la trilogie de Jules Vallès (Le Bachelier, L’insurgé et L’enfant), L’événement d’Annie Ernaux. On se souvient de la grande joie qu’elle nous avait procuré en 2011 au Lucernaire, dans La Maison, extrait de La vie matérielle, de Duras. Sa dernière apparition sur la scène du Théâtre du Rond-Point, en 2017, fut un grand moment. Avec sa grande amie depuis l’époque du Français, Catherine Hiegel, elle incarnait une vieille dame enfermée au zoo dans La nostalgie des blattes, pièces écrites pour elles par Pierre Notte.

Un visage, une voix

Avec un tel talent, un visage si beau, il est curieux que le cinéma n’ait fait appelle à elle que très rarement. En revanche, sa voix grave et sensuelle n’a pas échappé aux directeurs de doublage. Tania Torrens est la voix de Sigourney Weaver, de Judi Dench, mais aussi de Jessica Rabbit dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? et de la Reine Lilian dans les Sherk.

Elle avait son caractère et c’est ce qui faisait son charme, qui par sa mère était très slave ! Bien que malade, elle ne manquait jamais d’aller applaudir sa fille Héloïse Wagner au théâtre. Elle en était fière et elle le pouvait. En juin dernier, elle avait assisté avec ses grandes copines, dont Catherine Hiegel, à l’avant-première au théâtre La Bruyère de Régine, jusqu’au bout de la nuit. Elle était affaiblie, mais si heureuse d’être là. On s’était embrassées chaleureusement. Je lui avais dit à bientôt, elle m’avait répondu en m’offrant son plus beau et doux sourire. Adieu Madame.

Marie-Céline Nivière

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